En 2018, FCC s’est lancé dans ce qui est sans doute l’un des exercices les plus stimulants, voire périlleux, de n’importe quelle organisation : la redéfinition de notre « raison d’être ».  La raison d’être d’une organisation, c’est, en quelque sorte, son âme. C’est elle qui permet de répondre aux questions de fond : « Pourquoi sommes-nous là? De quoi devons-nous nous préoccuper? ». Beaucoup d’entre vous ont participé à cette démarche, engageant énergie, coeur et esprit. Je prends ici un moment pour faire le point et vous faire part de ce que nous avons appris. Ce qui s’annonce nous comble d’enthousiasme, mon équipe et moi. Nous espérons que vous partagerez ce sentiment!

Notre histoire

Comme vous le savez, FCC a été fondé il y a une trentaine d’années afin de réunir et de soutenir les fondations communautaires locales œuvrant à travers le Canada. Mission accomplie. Notre mouvement a pris une ampleur considérable. Votre impact ne cesse de s’accroître de jour en jour. Quelque soit votre port d’attache, vous conviendrez avec moi que la situation, tant au sein de nos communautés qu’à travers le monde, diffère grandement de celle qui prévalait en 1992.

Ces dernières décennies, nous avons assisté à des bouleversements technologiques et environnementaux majeurs, inconnus jusqu’ici. Nous avons entrepris un nouveau – et parfois orageux – chemin vers la réconciliation avec les communautés autochtones et la reconnaissance de leurs droits. Nous sommes aussi témoins de l’essor d’une diversité sans précédent, une première dans l’histoire de l’humanité. Notre avenir s’annonce encore plus complexe.

Le leadership des fondations communautaires est, plus que jamais, essentiel. Pour répondre aux enjeux mondiaux, les solutions locales ne sont rien de moins que nécessaires et incontournables.

Définir ensemble notre nouvelle raison d’être

Ce sont ces réalités que nous avions à l’esprit lorsque nous avons amorcé notre démarche de redéfinition. Pour nous, il était crucial d’engager le mouvement et nos partenaires dans cet exercice, d’entendre une multiplicité de points de vue. C’est ainsi que nous pouvons identifier nos faiblesses et, surtout, déployer encore davantage nos forces. Des centaines d’entre vous nous ont aidé à trouver des réponses. Je tiens ici à vous exprimer ma gratitude pour le temps investi. Votre rétroaction, par l’entremise de sondages, d’entrevues et de discussions, a enrichi et approfondi notre démarche. Plusieurs choses nous sont apparues clairement au cours de cette consultation.

Par exemple, nous avons constaté à quel point il est important de s’appuyer sur notre histoire commune et rendre hommage à la longue tradition – presque centenaire! – de la philanthropie communautaire au Canada. Le «sentiment d’appartenance» est aussi une composante fondamentale de notre ADN.

Ce concept agit comme une véritable étoile polaire, un cadre pour toutes nos décisions stratégiques, y compris dans l’élaboration de nos programmes, et un outil de travail sur le terrain, notamment avec les donateurs.

Le sentiment d’appartenance renvoie à une vaste gamme d’enjeux liés au travail collectif, par exemple, les inégalités économiques et de genre, la réconciliation, l’isolement social des aînés ainsi que l’exclusion des jeunes ou des communautés culturelles. En renouvelant notre « raison d’être », nous ne pouvions mettre de côté ce concept : il s’arrime parfaitement à une autre de nos priorités, aux objectifs de développement durable, dont le slogan « Ne laisser personne de côté », parle de lui-même.

Cependant, nous avons réalisé que nous devions insuffler une énergie nouvelle à ce concept d’appartenance, le doter d’un cadre plus audacieux, ambitieux et visionnaire. Ces nuances tiennent compte de l’angle profondément inclusif que nous voulons adopter, ainsi que de la persévérance inébranlable des fondations communautaires. Une « raison d’être » plus actuelle a donc pris forme dans nos ateliers de travail :

Vers un avenir ou tout le monde a sa place

Certains diront : « Ça ressemble beaucoup à ce que nous avons déjà dit »! Ils n’auront pas tout à fait tort, mais cette expression a néanmoins une portée différente. Depuis quelque temps, tant à la FCC que dans de nombreuses fondations communautaires, on remarque une nouvelle façon d’aborder la question de l’appartenance. Notre « raison d’être » doit refléter ce qui émerge comme un nouvel ethos dans le mouvement.

Laissez-moi m’expliquer.

Depuis ICI 2017 (le congrès Belong 2017), nous sommes nombreux à avoir entrepris un important travail de réconciliation (ce qui est tout à votre honneur). Stimulés, notamment, par la Commission de vérité et réconciliation du Canada, nous avons dû faire un examen de conscience, en toute intégrité, et nous remettre en question. Nous avons dû nous demander, par exemple, comment notre pouvoir et nos ressources (et la façon dont nous les avons acquis) ont pu contribuer au phénomène de marginalisation. Plutôt que de renforcer le sentiment d’appartenance, nous avons parfois – et ce sans le vouloir – fait tout le contraire et aggravé l’exclusion. D’autres questions fondamentales nous ont interpellé.

De quelles façons pouvons-nous donner une voix, un pouvoir décisionnel, à ceux qui n’en ont pas? Sommes-nous représentatifs de la diversité des communautés que nous desservons? Et si ce n’est pas le cas, comment le devenir? Sommes-nous toujours à la hauteur des enjeux que nous défendons? En tant que leaders philanthropiques qui misent sur une valeur aussi fondamentale que le sentiment d’appartenance, nous devons nous acquitter de notre devoir. Et nous devons d’abord travailler sur nous.

La création d’un sentiment d’appartenance réel et authentique prend racine, d’abord et avant tout, en nous-mêmes. Dans notre propre vie, nos familles, nos équipes et nos organisations. Nous devons reconnaître comment nos privilèges peuvent nous avoir induit en erreur, et nous ont fait dévier d’un chemin intègre vers l’appartenance. De même, il est temps d’affirmer haut et fort que la gouvernance inclusive n’est pas simplement une bonne idée, mais une obligation en bonne et due forme. Notre conception de l’appartenance n’allait pas aussi loin. Il était temps de la pousser plus avant, de la renouveler à travers notre « raison d’être » et d’y investir toute l’énergie nécessaire pour son plein déploiement. Nous devons trouver des moyens de mobiliser encore mieux nos forces et nos façons de travailler, dans différents secteurs, afin de relever ces enjeux systémiques. Nous devons trouver des moyens de nous rendre responsables, mutuellement, et de soutenir les initiatives innovantes. Nous devons écouter avec plus d’attention et rechercher les partenariats. Nous devons agir dans le respect de nos propres principes et être capables de nous retirer, de céder la place, lorsque ce n’est pas la nôtre, par égard pour les autres et en toute solidarité.

Joignez-vous à la discussion

En tant que chef de la direction de Fondations communautaires du Canada, je suis extrêmement fier du travail que nous avons accompli ensemble sur le thème de « l’appartenance ». Nous pouvons approfondir et renouveler cet engagement, et j’aimerais bien, personnellement, explorer cette question avec vous. Bien sûr, notre congrès 2019 sera également un événement tout indiqué pour échanger sur le sujet. Au plaisir de poursuivre cette conversation avec vous!